Combattre le syndrome de l’imposteur
Pour beaucoup d’entre nous lorsque nous postulons à certains postes, nous ne possédons pas exactement 100% des compétences mentionnées dans l’appel d’offre auquel nous répondons. Est-ce que cela veut dire que nous sommes en train de mentir ?! Nous agissons souvent de la sorte car nous sommes conscient qu’un appel d’offre ou une fiche de poste est souvent « gonflée ». Les recruteurs ou les divers cabinets ont tendance à exagérer et rechercher le fameux « mouton à cinq pattes ». Une fois le contrat remporté et la mission débutée le souci qui peut advenir c’est qu’inconsciemment nous pouvons refouler ces éléments et il peut rester des points auxquels nous savons que nous ne correspondons pas tout à fait, que nous avons légèrement modifié ou enjolivé pour entrer dans les cases. Cela peut ne pas nous poser de problème particulier, toutefois il est possible que cette zone d’ombre remonte à la surface dans des moments de doute ou de faiblesse et vienne ainsi nous perturber.
C’est là que peut naître ce que certains appellent le « syndrome de l’imposteur » :
suis-je à ma place ? ai-je mérité cette place ? les autres sont-ils plus compétents que moi…
Alors comment ne pas tomber dans ce qu’on nomme le syndrome de l’imposteur ?
C’est ce que nous allons voir ci-dessous :
Premièrement : Revenir aux faits : regarde autour de toi !
Peut-être que tu es développeur, architecte, chef de projet, data scientist ou scrum master… Je ne sais pas sur quelle techno tu interviens mais il y a fort à parier pour que tu sois 100 fois plus compétent que moi en ce qui concerne ta spécialité. A côté de moi tu es un véritable expert ! Et en regardant autour de toi tu constateras qu’il y a des centaines de personnes, des milliers voire des millions de personnes sur Terre pour qui tu es un expert dans ton domaine. Et si on te demande de réaliser une petite sensibilisation de 2 heures à ton métier devant des personnes qui n’y connaissent rien et souhaitent découvrir ta spécialité alors je ne pense pas que ces gens-là te verraient comme un imposteur. Au contraire pour eux tu es super compétent et expert incontestable ! n’est-ce pas ?
Pour cela, et j’en avais parlé dans un de mes articles sur la confiance en soi, il est important de noter ses réussites. En notant ce que tu réalises de positif alors tu amènes à ton conscient le fait d’être bon. Tu conscientises ta réussite. Je m’explique :
La courbe d’apprentissage : les 4 niveaux de compétences
On distingue 4 niveaux dans l’apprentissage décrits ci-dessous :

À 5 ans, tu ignorais ton incapacité à conduire, tu étais inconsciemment incompétent.
À 18 ans, en observant les autres, tu as réalisé ton incompétence et su que tu ne pouvais pas conduire.
Permis en poche, tu étais conscient de savoir conduire, mais cela demandait toute ton attention.
Avec l’expérience, conduire est devenu automatique, sans nécessiter d’effort conscient.
Aujourd’hui, tu es inconsciemment compétent en conduite, au point d’oublier que ça fait partie de tes compétences.
Je suis certain que tu as peut être même oublié que tu savais conduire ! pour toi ce n’est rien ! ce n’est même pas une compétence. Or c’est énorme en réalité. Aujourd’hui dans le domaine de la conduite tu es « inconsciemment compétent ».
Prendre conscience de ses compétences
Je pense que ce qu’on appelle syndrome de l’imposteur ou sentiment d’imposture car ce n’est qu’un sentiment personnel ce n’est qu’une projection de notre pensée et non la réalité…
Ce concept se trouverait à cheval entre le niveau 3 et le niveau de 4 de la courbe d’apprentissage. En observant la compétence de tes collègues tu conscientises leurs compétences (tu sais qu’ils savent). Tu es au niveau 3 (tu es conscient de leurs compétences). En revanche en ce qui te concerne peut-être que tu es au niveau 4 (tu ne sais plus que tu sais). Et par conséquent tu minimises ta compétence (tu ne la voit même plus). C’est ce qui peut générer ce sentiment.
En effet si tu étais au niveau 3 (consciemment compétent) alors tu ne ressentirai peut être pas cela et tu serais pleinement à l’aise dans ton rôle et plein de confiance car TU SAIS QUE TU SAIS.
Voilà pourquoi il est important de noter ses réussites ! En consignant et relisant tes réussites tu les amènes à la conscience. C’est comme si tu disais à ton cerveau : « eh regarde ce que je sais faire ! t’as vu c’est moi qui ai fait ça ! et j’en suis fier ! »
Et si c’était effectivement vrai ?
Supposons que les personnes qui t’entourent soient plus compétentes que toi. Prends cela comme un cadeau 😊
Et si effectivement, tu étais dans une équipe avec des gens vraiment plus compétents que toi ? Alors tu pourrais transformer en avantage ce que tu vois comme un inconvénient ! tu es super chanceux dans ce cas ! Tu as la chance d’évoluer avec des personnes plus qualifiées, avec beaucoup de choses à apprendre, c’est une excellente opportunité pour passer à un niveau supérieur.
Une fois j’ai entendu un de mes coachs dire : « faites-en sorte de fréquenter des groupes dans lesquels vous êtes le dernier de la classe ! » Pourquoi ? pour apprendre et grandir. C’est une excellente occasion pour modéliser les autres membres de ton équipe.
Pour cela si tu es d’accord, je vais te demander un petit travail : tu vas prendre un carnet ou un excel ou même ton portable si tu préfères (même si c’est mieux par écrit je pense) et tu vas remplir le tableau ci-dessous :
Membre de mon équipe | Qualité que je trouve chez lui ou chez elle et que je souhaite acquérir | Actions qui me permettraient de m’approcher de cette qualité | Action de la semaine |
Richard | |||
Rodrigue | |||
Stéphanie | |||
….. |
Tu observes tes collègues avec l’œil du modélisateur (tu les prends comme modèles) tu cherches des qualités chez eux que tu penses ne pas posséder et souhaite acquérir.
Appliquer une Méthodologie Agile pour Progresser
Si tu es familiarisé avec l’agilité, le visual management, le kanban alors je te propose la méthodologie suivante :
Noter ces qualités (ce sera ton backlog) pour cela, tu peux même te faire un management visuel a la maison avec des post it.
Tu pourras te mettre en mode scrum et choisir une qualité par semaine. Tu en fais une user story.
Ensuite découper cette qualité en actions pour l’atteindre. Faire une priorisation.
Enfin, sélectionner pour un sprint de 1 semaine, une action à réaliser. Tu te focalises UNIQUEMENT sur cette action. Puis la semaine suivante tu passes à une autre action… etc…
Jusqu’à passer en « DONE » les actions de ton backlog.
tu fais une retro (en mode introspection seul à seul avec toi-même) pour voir ce qui a marché, ce qui était bien ce qui ne l’était pas comme en retrospective de sprint.
Et tu progresseras de semaine en semaine, tu vas t’améliorer à coup sûr et tu n’auras plus du tout ce souci de légitimité ou de sentiment d’imposture (car encore une fois : cela reste un sentiment).
L’ironie du sort des compétences
Ce qui est amusant dans tout ça, c’est que parmi les membres de ton équipe il y a très certainement d’autres personnes qui pensent la même chose à ton égard en se disant : « oh il (elle) est trop doué(e), je me demande si j’ai ma place dans cette équipe car il (elle) est vraiment plus compétent(e) que moi …» ! Mais ça tu ne le sauras peut-être jamais. Mais moi je suis sûr que c’est vrai !
Aucune réponse